Poèmes surréalistes
Vacances payées
Ta joie
Revêt la forme d'une gare d'embranchement
Sous la fine pluie du matin
Ta joie
Les immenses fougères qui sautent aux yeux
Près du grand champ des œufs d'autruche
Près de l'inaccessible phare
Flotte et claque dans la baie de paimpol
Grand pavillon de la tortue
Chapeau de cérémonie des caravelles fantômes
Des galions sombrant d'or
Flotte et claque et nous salue
Joyeuse funèbre étoffe
Orgueilleux oiseau de haute mer
Dans tes plis tu conserves
Le reflet de l'or et des yeux
Tu absorbes le soleil et deviens soleil toi-même
Flotte flotte et claque et secoue
Tes grands os blancs croisés comme des jambes
Reconnaissable à la rouille qui la mord
Voici la désirée île de la tortue
Où toujours le vent violent
Nous précipitera l'un sur l'autre
Nous étendra sur cette terre
Où toujours sourit n'oublie pas boit la mer
Le masque féroce de la nouvelle Irlande
Au cri rauque désespéré de L'oiseau blessé
Du grand oiseau blanc au sang frais
Qui se blottit au creux des vagues
Pour y passer la nuit
Correspond ta joie de voir vivre
Les merveilleuses fleurs visqueuses et pourries
Souviens toi o capitaine de la mer qui n'est qu'à nous
et n'oublie pas n'oublie pas
que si pleine soit la bouteille
et grande la violence avec laquelle elle est projetée contre un mur
son contenu ne saurait noyer deux êtres n'oublie pas que les éclats de verre
sont impuissants contre le diamant
n'oublie pas que nous nous allons comme un gant
et au premier signal hurlé de la mouette
tourne tes regards vers la lointaine île de la tortue
ce grand bloc de fer rouge
aux grèves encombrées de casse-têtes hérissées de testaces
d'où n émergent
que les phallus de pierre de l'anti naufrageur où pour nous seuls claque
sur chaque église biffee à la craie
l'insolent et cynique drapeau de notre amour