Elsa
Tu rêves les yeux large ouverts
Que se passe t'il donc que j'ignore
Devant toi dans l'imaginaire
Cet empire à toi ce pays sans porte
Et pour moi sans passeport
Ceux que traverse la musique
On dirait qu'ils sont les branches d'un bois
Pliant sous des oiseaux qui se perchent
Mais toi
Ceux dont le regard est fait des facettes du nombre
Ceux qui jonglent avec les fonctions de ce qui n'existe pas
Ceux dont l'esprit parabolique met le feu comme un miroir
L'hypothèse est leur cigarette roulée
Mais toi
Tu poses ta main sur ta joue
Et je n'ose pas te demander à quoi tu joues
Qui passe dans l'espace pers où tu te perds
À suivre
Aragon
Ciel à perdre
A un niveau tout autre
Ta voix devient orange samedi à midi
Alors, mon âme menteuse oubliant
Sa cheville cassée saute comme affolée
Trois niveaux plus haut
Et s'installe sur le palier des voisins
Au dernier étage, en renversant
Deux pots de cactus
20 degrés et un soleil avide sur les Balkans
En plein milieu de décembre
Il est grand temps que je comprenne
Quel est ce jeu, cette anomalie
De la distance et des saisons
Mais le châssis à tabatière est cloué
C'est pourquoi
Je mets mon portable sur vibrations
Et malgré les ondes dangereuses
De ta voix je le glisse dans la poche
De ma chemise tout près de mon cœur
Comment pourrais je autrement comprendre
Si tu m'appelles un autre jour de la semaine
Qui tu caches dans la salle de bains?
Aksinia mihaylova
Ciel à perdre
Le mot
1
Nous sortons des paysages cachés du plus profond
De nous et les entassons sur la table
Comme deux personnes qui se rencontrent
Pour la première et dernière fois
Et sont libérées du futur
Nous fumons un demi paquet de tabac
Fouillons le tas et comptons les os
Germés dans nos âmes
Mais nous ne pouvons pas trouver le mot
Qui accomplit
Peut-être est-ce à cause de la profondeur différente
Des abîmes en nous
Qui résonnent avec une langue
Incompréhensible pour la peau
2
Puis nous achetons des pamplemousses
Arpentons les ruelles du quartier juif
Il me tient par la main, il m'oublie
Dans des librairies
Regarde, il y a tant de ciel dans les vitrines
Ce soir, dit il
Et me serre fort contre sa poitrine
Pour que je ne lise pas dans ses yeux
Le mot qui accomplit
Les pamplemousses roulent sur le trottoir
Elles sont tellement fiévreuses ses mains
Comme s'il avait peur de me perdre
Comme s'il avait peur que je puisse rester
Aksinia mihaylova
Flaques de verre
Tout se tient
Alors une voix s'éleva, puis se tut. Les nuages ne bougeaient plus sur le ciel trop plat
Et même il n'y avait pas de nuages. Les étoiles formaient des pyramides que des enfants détruisaient à coups de boules
Des boules de neige
Quand il n'y avait plus de pointes c'étaient des maisons. Quand il n'y avait plus d'étoiles c'était la nuit, l'ombre et la dernière étoile, la fenêtre allumée derrière un arbre qu'on n'avait pas encore vu.
Tout à coup une main s'avançait pour éteindre la lampe. Et l'on voyait un moment les lèvres que la flamme faisait saigner. Et la figure. Mais était ce bien, cette boule énorme, une figure?
Flaques de verre
Globe
Où ai-je vu le comédien, le musicien l'homme de dieu
Ce n'était qu'un profil qui s'abattait sur la muraille
Une ombre. Nous étions dehors et il pleuvait. Alors mêlées à la pluie on distingua quelques étoiles et un petit enfant tendait sa main
Quelqu'un cria dans la rue, derrière un volet parce qu'il pleuvait, et tout s'évanouit
Pas même la nuit, ni l'homme, ni dieu
Pas même l'enfant ni les étoiles