Cahiers de poèmes
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Dans la suave minuit d'été
Une lune pure brillait à travers
La fenêtre ouverte du parloir
Et les rosiers mouillés de rosée
Je songeais assise en silence
Le vent caressait mes cheveux
Le ciel, me disait il est splendide
Et belle la terre en son sommeil
Point n'était besoin de son haleine
Pour m'inspirer de telles pensées
Mais toujours chuchotant il ajouta
Comme les bois vont être noirs
Mon murmure comme en rêve
Fait bruire les feuillages épais
Et leurs myriades de voix
D'âme semblent douées
J'ai dit va aimable chanteur
Ta voix tendre veut séduire
Mais ne crois pas qu'elle a pouvoir
D'atteindre mon esprit
Joue avec la fleur odorante
Le rameau souple du jeune arbre
Mais laisse mes sentiments humains
Suivre leur propre cours
L'errant ne voulait pas me quitter
Son baiser s'est fait plus ardent
O viens susurrait il
Je ferai malgré toi ta conquête
Ne sommes-nous pas des amis d'enfance
N'y a t il pas longtemps que je t'aime
Aussi longtemps que tu aimes la nuit
Dont le silence éveille mon chant
Et quand ton cœur reposera en paix
Sous la pierre du cimetière
J'aurai tout loisir de me lamenter
Et toi d'être solitaire
11 septembre 1840
Emily bronte