Le satyre suite
Tout craignait ce Sylvain à toute heure allumée
La bacchante elle même en tremblait; les nappées
S'allaient blottir aux trous des roches escarpées
Écho barricadait son autre trop peu sûr
Pour ce songeur velu, fait de fange et d'azur
L'andryade en sa grotte était dans une alcôve
De la forêt profonde il était l'amant fauve
Sournois, pour se jeter sur elle, il profitait
Du moment où la nymphe, à l'heure où tout se fait
Éclatante, apparait dans le miroir des sources
Il arrêtait lycere et Chloé dans leurs courses
Il guettait, dans les lacs qu'ombrage le bouleau
La naïade qu'on voit radieuse sous l'eau
Comme une étoile ayant la forme d'une femme
Son œil lascif errait la nuit comme une flamme
Il pillait les appâts splendides de l'été
Il adorait la fleur cette naïveté
Il couvait d'une tendre et vaste convoitise
Le muguet, le troène embaumé, le cytise
Et ne s'endormait pas même avec le pavot
Ce libertin était à la rose dévot
Il était fort infâme au mois de mai, cet être
Traitait, regardant tout comme par la fenêtre
Flore de mijaurée et zephir de marmot
Si l'eau murmurait :j'aime ! Il la prenait au mot
Et saisissait l'ondee en fuite sous les herbes
( à suivre)