XXIV CLARTÉ D'ÂMES
CLARTÉ d'âmes
Sait on si ce n'est pas de la clarté qui sort
Du cerveau des songeurs sacrés, creusant le sort
La vie et l'inconnu, travailleurs de l'abîme
Voici ce que j'ai vu dans une nuit sublime
Cette nuit là pas une étoile ne brillait
C'était au mois d' eglad que nous nommons juillet
Et sous l'azur noir, face immense du mystère
Dans tous les lieux déserts qui sont sur cette terre
Forets, plages, ravins, caps où rien ne fleurit
Les solitaires, ceux qui vivent par l'esprit
Sondant l'éternité, l'âme, le temps, le nombre
Effarés et sereins, étaient épars dans l'ombre
L'un en Europe, l'autre en Inde, où, dans les bois
Cachant ses jeunes faons, la gazelle aux abois
Attend pour s'endormir que le lion s'endorme
Un autre dans l'horreur de l'Afrique difforme
Tous ces hommes avaient l'idéal pour objet
Et chacun d'eux était dans son antre et songeait
Ces prophètes étaient frères sans se connaître
Pas un d'eux ne savait, isolé dans son être
Et sa pensée ainsi qu'un roi dans son état
Que quelqu'un de semblable à lui-même existât
Ils veillaient et chacun se croyait seul au monde
Aucun lien entre eux que l'énigme profonde
Et la recherche obscure et terrible de dieu
Ils pensaient, l'infini sans borne et sans milieu
Pesait sur eux, pas un qui de la solitude
N'eut la mystérieuse et sinistre attitude
Pourtant ils étaient doux ces hommes effrayants